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Photo du rédacteurYvette - Tiliky Campers

Le Téréré, une boisson rafraîchissante à partager.

Dernière mise à jour : 1 nov. 2019


Vous ne connaissez pas encore le fameux Téréré ? Il va falloir le goûter au cours de votre visite au Paraguay. Peut-être, sans le savoir, en avez-vous déjà eu un petit aperçu. En effet, si vous avez par le passé un peu voyagé en Amérique du sud, il y a des chances que vous connaissiez déjà le maté. Cette infusion traditionnelle de la culture guarani est en effet consommée aussi bien en Argentine, qu’au Chili, en Uruguay, au Brésil et au Paraguay. Et si seul le nom vous dit quelque chose, c'est sûrement grâce au joueur de football Antoine Griezmann, qui est probablement le français qui en consomme le plus !


Une infusion ancestrale


Le téréré est donc une boisson traditionnelle paraguayenne, mais aussi du nord de l'Argentine (régions de Formosa, du Chaco, de Corientes et de Misiones) ainsi que le sud du Brésil (régions du Mato grosso, de Paranà, de Santa Catarina et de Rio Grande del sur). Pour préparer cette boisson, on utilise une plante nommée yerba mate (herbe à maté) mélangée à de l'eau et de la glace.



Au Paraguay, à chaque coin de rue, on retrouve des vendeurs de téréré. Une petite table sur laquelle s'amoncelle différentes plantes rafraîchissantes ou médicinales. En fonction des demandes, le vendeur prépare à l'aide de son pilon, dans un mortier, un savant mélange d'herbes fraîches écrasées qu'il verse ensuite dans le thermos pour qu'il se mélange avec l'eau qui sera versée ensuite sur les herbes à maté. Les vendeurs connaissent généralement les effets de chaque plante médicinale sur le corps humain et ils savent recommander les variétés à consommer. Ils sont eux-mêmes responsables de la collecte des différents types d'herbes fraîches.


Cette boisson ancestral Guarani est aujourd'hui déclarée au patrimoine culturel du Paraguay, et chaque dernier samedi de février, les paraguayens célèbrent le jour national du Téréré.


L'origine du mot Téréré ?


- l'interprétation la plus fréquente veut qu'il s'agisse d'un mot Guarani et onomatopéique lié au bruit des trois dernières gorgées faites lorsque l'on aspire la boisson.


- Carlos Alberto Cacciavillani, auteur argentin, suggère que le mot téréré est d'origine latine et qu'il s'agirait donc d'un mot de création jésuites adapté à l'accent guarani, ce qui explique l'accent de la dernière syllabe. Le fait que l’on appelle parfois cette boisson le « thé des Jésuites » (c’est eux qui en encouragèrent la culture) n’est pas sans rappeler, au vu de l’histoire du continent, les liens étroits qu’elle entretient avec ce petit pays qu’est le Paraguay.


D'où vient l'herbe à Maté ?


La yerba maté vient d'un arbre qui pousse naturellement au bord des ruisseaux dans les forêts montagneuses. L'arbre peut atteindre jusqu'à 20m de hauteur alors que les arbustres de yerba maté sauvage ne dépassent pas les 4 à 8m.


La yerba maté est une espèce proche du houx que l’on trouve par chez nous, c’est-à-dire du genre ilex, plus précisément ilex paraguariensis, et de la famille des aquifoliacées. On en conserve les feuilles, qui sont par la suite torréfiées avant d’être réduites en poudre. Elles donnent alors naissance, par infusion, à la boisson stimulante la plus populaire de l’Amérique du sud : le maté.




Histoires et légende


Bien que certaines légendes - dont certaines situées dans des contextes de guerre - racontent les origines supposées du Téréré, la vérité est qu'il est prétendu que l'herbe à maté a été consommé par les Guaranis avec à la fois de l'eau froide des rivières et de l'eau chaude, les guaranis utilisant alors l'herbe pour filtrer l'eau et ainsi la rendre potable. C'est au dix-septième siècle, que les jésuites ont appris les vertus de l'herbe à maté, appelé en guaraní : ka'ay, - cela sonne ca-a -, où "ka'a" signifiant l'herbe et "y" signifiant l'eau.

La première référence historique est celle des jésuites eux-mêmes, qui ont loué les effets de l'herbe, car elle donnait une certaine vigueur à celui qui ingérait l'infusion et étanchait mieux la soif que l'eau pure. Le père Pedro de Montenegro (1663-1728), naturaliste, a déclaré: «Dieu a aidé ce pays pauvre avec ce médicament car il était plus propice à celui-ci que le chocolat et est venu à ses habitants naturels comme le cacao à l'est , parce que ces terres très chaudes et humides entraînent un grave relâchement des membres, en raison de la forte aspersion des pores, et nous voyons que la transpiration est excessive et que le vin ou les d'autre boissons chaudes ne sont pas des remèdes pour les supprimer, et l’herbe par temps chaud avec de l'eau froide, telle qu'utilisée par les Indiens, et par temps froid avec de l'eau chaude »[11]

Les Mensú, ouvriers exploités par les Yerbateros (producteurs d'herbe à mate): pour que leur kapanga (chef) ne se rende pas compte que les mensúes ont consommé de l'herbe à mate, ils ont fait une infusion d’eau à température ambiante, de la même manière que celle traditionnelle - c’est-à-dire avec de l’eau chaude -, ils se trahiraient eux-mêmes. Avec le temps et l’émergence de technologies et de dispositifs permettant de produire de la glace, de la glace s’est ajoutée au mélange d'herbe à maté. Donnant naissance au téréré que l'on découvre aujourd'hui en visitant le Paraguay.

Comment partager le téréré ?

Le Téréré ce partage entre amis, vous remarquerez très vite que devant chaque maison paraguayenne se trouve une table et deux chaises. Chaque famille s'y retrouve deux fois par jour pour partager la fameuse boisson locale ! Le Téréré est donc un événement social: amis, famille, couples, etc. se rencontrent. "Prenons le téréré", est une expression qui indique que la personne souhaite partager son temps avec l'un d'entre eux, mais pour d'autres raisons, il ne peut s'agir d'une nomination plus formelle. Les négociations commerciales se font généralement autour d'un téréré.


Que faut-il pour préparer et servir le téréré ?


- Un thermos rempli d'eau et de glace, avec en option des herbes médicinales ou rafraîchissantes.

- Une guampa (sorte de verre en inox recouvert de cuire ou plus traditionnellement une calebasse ou une corne) remplie d'herbe à maté (herbes sèches vendue dans des petits paquets en papier dans tout les commerces)

- Une bombilla, sorte de paille avec de petits trous à la base (on en trouve en inox ou en bois)


Les «remèdes rafraîchissants», appelés en guarani pohâ ro'ÿã (terme qui signifie «remède» - pohã'– et «froid» —ro'ÿsã— ou herbes rafraîchissantes médicinales), se mélangent à l'eau pour former une infusion complètement froide , ils ne pénètrent pas dans la guampa chargée d'herbe, mais ils sont préalablement frappés dans un mortier qui sert pour écraser les herbes avec un bâton du même matériau que le mortier. Le bâton généralement appelé "bâton sacré" vient de l'espèce Bulnesia sarmientoi pour donner plus de goût aux herbes broyées dans le mortier. Après avoir écrasés les herbes, elles sont mises dans une carafe d'environ un litre avec de l'eau et de la glace qui seront ensuite versées à parts égales à l'intérieur de la guampa. De cette manière, chaque buveur de la tournée «téréré» prendra une mesure exacte. Normalement, seuls des remèdes rafraîchissants sont ajoutés le matin. Les remèdes rafraîchissants sont généralement achetés dans des stands sur les trottoirs des villes ou chez des vendeurs de rue.


Les règles à connaître pour partager le téréré :


Une personne dans le groupe est désignée pour amorcer c'est à dire servir la boisson à tout le monde. Cette personne s'occupe donc de remplir la guampa d'eau à l'aide du thermos, et de la tendre à chaque participant. La coutume exige que l'amorce soit faite par le pahagué, c'est à dire la plus jeune personne du groupe.


Vous ne devriez pas remercier celui qui "amorce" le téréré jusqu'à ce que vous ne vouliez plus boire. Le mot "merci" indique à l'amorce que celui à qui est revenu le guampa ne souhaite plus continuer à boire. C'est pour cela que lorsque nous sommes des néophytes, il peut arriver que, par courtoisie, nous remercions le premier téréré et que la personne chargée de faire la distribution nous laisse déjà en dehors du cycle en ne nous offrant plus la boisson. Autant dire que lorsque nous avons l'habitude de dire merci à chaque fois que quelqu'un nous sert, il est très difficile de s'habituer à l'inverse.

Le téréré se consomme donc à la fois en été et en hiver (mais un peu moins), de jour comme de nuit, bien que de préférence, dans les moments chauds. Habituellement au Paraguay à 10h et 14h.

Plus qu’une boisson ! Les bienfaits de l'herbe à Maté.


Le téréré est idéal en période de chaleur, en remplacement du maté, car il est consommé froid. C'est une boisson extrêmement rafraîchissante. Le tereré est généralement pris avec des herbes médicinales (en guarani, il est appelé pohä ñaná), qui peut être pohä ro'ÿsä ou pohä akú (remède rafraîchissant ou remède chaud, respectivement). Ceci est fait à des fins préventives (défenses corporelles, rhume, grippe, etc.), de guérison (pour maux d'estomac, maux de tête, problèmes urinaires ou rénaux, etc.), de rafraîchissement ou pour un goût simple. La tradition veut qu’ils soient cueillis ou achetés à l’état frais, puis nettoyés à l’eau potable; vous devez ensuite les écraser ou les tasser jusqu'à ce que vous en retiriez la sève, et enfin les jeter dans le bocal ou dans le thermos à l'aide d'un morceau de glace. Cependant, récemment, de nombreuses marques de yerba mate ont mélangé ces herbes avec leurs produits, créant ce qui est connu sous le nom de composé de yerba mate.



Le maté a pour propriété principale de stimuler le système nerveux central.


Cardiotonique mais également diurétique, cette boisson est très bonne pour la santé. On prétend même qu’elle lutte efficacement contre le cancer.


Car si le téréré est apprécié pour son amertume et son goût puissant, c’est également sa fraîcheur qui en fait une boisson populaire, particulièrement dans un pays comme le Paraguay où la chaleur est parfois difficile à supporter.


Vous trouverez dans les villes des vendeurs de thermos, guampa et bombilla, joliment sculptées et décorées, c’est une excellente idée de souvenir à (se) ramener du Paraguay.



En vous baladant, vous observerez que l'heure du téréré est sacrée et que tout le monde s'arrête pour partager la boisson, les infirmières devant les cliniques, les policiers réunis en cercle et se passant la calebasse de main en main dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. C’est que cette boisson est synonyme de fraternité. En répétant ce geste, les gauchos invitent, paraît-il, le temps à passer plus lentement. C’est peut-être là une des raisons qui fait que les heures paraguayennes ont l’air de s’étendre bien plus que par chez nous.


Pas de doute, cette boisson est ici une véritable institution !





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